Surfer sur la vague du Sashiko, technique de broderie japonaise

Le sashiko est une technique de broderie japonaise chargée d’histoire et de symboles. Né dans les campagnes, il avait pour fonction première de prolonger la vie des vêtements et des étoffes, à une époque où les tissus étaient rares et précieux. Aujourd’hui, le sashiko continue de séduire, autant pour son histoire que pour sa capacité à inspirer une autre manière de créer et de consommer : plus lente, plus consciente et ouverte à la beauté du détail.

Aux origines du sashiko

Au Japon, dès le XVIIᵉ siècle, les familles paysannes de régions froides comme le Tōhoku devaient faire preuve d’ingéniosité pour affronter les hivers rudes. Les tissus étant rares et coûteux, rien ne se perdait : les vêtements usés étaient renforcés et assemblés grâce à des points serrés.

C’est ainsi qu’est né le sashiko (petits points en japonais). Ces broderies permettaient de prolonger la durée de vie des habits de travail et des couvertures. On superposait des chutes de tissus et on les fixait avec un fil blanc épais, créant des motifs géométriques simples mais résistants.

Dans certaines familles, on transmettait même les vêtements raccommodés de génération en génération. Chaque couture racontait une histoire, chaque motif était un témoignage d’amour et de soin.

Le sashiko et l’art du boro

Une pratique proche du sashiko est le boro, qui signifie « lambeau ». Il s’agissait de vêtements rapiécés à l’extrême, presque entièrement recouverts de broderies et de couches de tissu. Ces textiles, autrefois considérés comme les habits des pauvres, sont devenus de véritables trésors culturels exposés dans les musées japonais et admirés dans le monde entier. 

On retrouve dans cette pratique l’esprit du wabi-sabi, une philosophie chère à la culture japonaise : voir la valeur dans ce qui est marqué par le temps, dans l’imperfection comme dans l’usure.

Un art ancestral ancré dans l’ère du temps

Si le sashiko a longtemps été perçu comme un vestige du passé, il connaît aujourd’hui une renaissance mondiale. À l’ère du DIY, du zéro déchet et de la mode durable, cette technique de raccommodage prend tout son sens. 

Aujourd’hui, le sashiko n’est pas seulement un héritage, il est aussi une réponse contemporaine à des préoccupations actuelles. Réparer plutôt que jeter, transformer au lieu de remplacer, valoriser les traces de l’usage : autant de principes qui trouvent dans cette technique japonaise une expression concrète.

De grands designers, comme Issey Miyake, se sont inspirés du sashiko pour certaines collections, prouvant que cet art ancestral a toute sa place dans la haute couture. Dans le monde entier, les amateurs de couture s’initient aussi à cette technique qui demande patience et régularité. La répétition des points et la concentration qu’ils demandent créent une expérience proche de la méditation. Broder devient alors une manière de se reconnecter au geste, à la matière et au temps.

Les motifs sashiko inspirés par la nature

Les points de sashiko ne sont pas posés au hasard. Ils suivent des motifs transmis depuis des siècles, inspirés par la nature et les croyances japonaises. Voici quelques exemples de motifs traditionnels populaires :

• Seigaiha (les vagues bleues) : symbole de prospérité et de sérénité.
• Asanoha (la feuille de chanvre) : associée à la croissance et à la protection des enfants.
• Uroko (les écailles de poisson) : censées repousser les mauvais esprits.
• Kikkō (les carapaces de tortue) : évoquent la longévité et la bonne santé.

Le saviez-vous ? Les jeunes mariées recevaient parfois des tissus brodés de motifs sashiko comme porte-bonheur pour leur nouvelle vie. 

3 bonnes raisons de se lancer dans le sashiko

Que vous soyez brodeur débutant ou confirmé, le sashiko est accessible à tous. Commencez par un petit projet – un coussin, un tote bag ou la customisation d’un vêtement – et laissez-vous inspirer par la beauté des motifs traditionnels japonais.

• Pour ralentir et pratiquer une activité proche de la méditation.
• Pour donner une seconde vie à ses textiles.
• Pour s’approprier un art ancestral et le revisiter avec sa touche personnelle.

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